Voir, percevoir, comprendre. Vers un univers de sens
1/ Stéréogramme
Image fixe qui semble bouger au regard
Exercice : fixé les deux points au-dessus de l'image durant 1 minute
puis observer l'image par la suite.
Perceptions
Nous avons deux yeux séparés par une distance d’environ six à sept centimètres. Ces deux yeux ne perçoivent pas exactement la même image que nous regardons. Chacun de nos yeux transmet des informations légèrement différentes aux régions de notre cortex visuel. Pourtant, nous ne percevons pas deux images mais une seule, et c’est dans d’autres régions du cortex que les informations de nos deux yeux sont recomposées en une seule image. Notre vision binoculaire, le fait de perce-voir l’Univers simultanément par l’intermédiaire de nos deux yeux, fait émerger dans notre conscience une épaisseur du réel, des niveaux dimensionnels que la perception à partir d’un seul œil ne peut nous révéler. Ce que nous percevons consciemment ne correspond pas simplement à la somme que nos yeux envoient à notre cerveau. La vision binoculaire fait naître en nous la sensation de relief, la sensation de perce-voir le monde en trois dimensions. Les illusions d’optique ou la perspective en peinture sont rendues possibles grâce à notre perception binoculaire. Présenter deux images différentes pour chaque œil séparé par une cloison va créer une altération des deux images sans qu’elles ne fusionnent. Cette découverte fit la gloire des stéréogrammes, une image ou information cachée que la vision stéréoscopique (celle qui reproduit la vision binoculaire) ne peut perce-voir. La vision stéréo est une superposition de deux images similaires mais pas identiques, créant une image fusionnée donnant la sensation de solidité et de profondeur. Dans le cerveau humain, la vision binoculaire forme une image tridimensionnelle en faisant coïncider chaque point (ou ensemble de points) perçu par un œil avec le point correspondant (ou ensemble de points) perçu par l’autre œil.
Qu’est-ce que percevoir pour le vivant ?
Selon la position des deux yeux sur l’animal, il ne perçoit pas le même monde extérieur. Il y en a qui le perçoivent plat et sans profondeur. Décidément, la nature du réel nous échappe encore et encore. Pas tout à fait ! En physique, la matière est paradoxalement immatérielle, elle n’a pas de masse, pas d’étendue et son origine même se situe par-delà l'espace-temps. L’Univers vibre et change d’organisation selon notre état d’être, et notre constitution biologique. Perce-voir, c’est avoir des sensations. L’organisme humain est le résultat d’une co-évolution avec son environnement et donc sa perception ne peut qu’estimer ce pourquoi son organisme est apparu.
Les stéréogrammes nous apprennent que ce que l’on perçoit n’est que le résultat d’une élaboration de notre cerveau qui dépend de la position faciale des yeux (binoculaire pour les hommes). Afin qu’une image plane puisse faire ressortir une image sous-jacente en relief, c’est-à- dire en trois dimensions, il faut pour cela une position particulière des yeux. Selon cette position oculaire, le relief de l’Univers émerge plus ou moins clairement. À travers le processus évolutif, chaque organisme vivant possède ses propres acuités de perception, si bien que la vision de l’Univers dépend entièrement du positionnement des globes oculaires. Mais, puisque nous sommes capables par des exercices de perce-voir l’image cachée, c’est donc que notre façon de regarder l’Univers influe beaucoup sur la construction consciente de celle-ci. Notre façon de regarder crée les différences. De même, en physique, l’espace dans ses trois dimensions de hauteur, largeur et longueur, les formes qui y apparaissent sont des constructions de la conscience. La façon de regarder les choses est une concentration sur des points donnés faisant jaillir une image. Changeons les points et voilà que jaillit une autre image. On comprend alors pourquoi les physiciens parlent d’un Univers informe, autrement dit, le Cosmos organisé est dû à une conscience qui regarde à travers une bande de fréquences qui stabilise les images. De cette analyse, nous pouvons dégager deux points importants:
a/ La matière est une sorte de « soupe photonique » dont la conscience agence l'information, les données perçues dépendent entièrement de la constitution biologique et psychologique de la personne qui observe l'image en question.
b/ L’information est le sens que l’on reconnaît, ce par quoi nous sommes organisés biologiquement, et ceci nous donne la possibilité de lire le champ informationnel de l'Univers d’une certaine façon, celle pour laquelle nous sommes structurés.
Le physicien Satoshi Watanabe, par son théorème du « vilain petit canard » nous dit que la capacité à discriminer des objets ne relève pas d’un monde posé là objectivement, mais relève d’une subjectivité entière. Pour perce-voir des objets, il faut en avoir au préalable une image déjà présente en nous. Chaque être dans l’Univers possède sa « grille » de lecture sur laquelle l’organisme se construit. Conséquemment, l'être qui vit au sein d'un environnement co-évolue avec lui et ne s'adapte pas à lui comme un objet qui s'élance sur une autre tangente de la réalité. Il est le fruit de cette co-évolution tout comme lui-même modifie à chaque instant la réalité vécue. La conscience est co-émergente à l'Univers lui-même.
« Comme l’a montré Eggers, ces animaux (papillons de nuit) ne possèdent que deux bandes tendues dans leur organe auditif en guise de fils de résonance. Grâce à ce dispositif, ils parviennent à réagir à des vibrations de l’air qui re-présentent pour l’oreille humaine la limite de l’aigu. Ces sons correspondent au cri de la chauve-souris, principal ennemi des papillons. Les papillons ne captent donc que les sons émis par leur ennemie. Pour le reste le monde est muet pour eux. » (Jakob von Uexküll)
L’organisme du sujet constitue en lui-même le sens de son apparition à l’Univers, lui-même est information, tout ce qui est dans l’Univers est signifiance. Lors d’une co-évolution entre un organisme et son environnement, un lien intime les réunit. Cette information ne doit pas être entendue en un sens réducteur et uniquement mathématique, elle contient ce qui sort de la Matrice. C'est-à-dire toute l'intériorité d'un être vivant. Ce qui signifie que l’information développe en degrés des pensées, des émotions et des passions (des désirs) chez tous les êtres vivants. C’est grâce à la « soupe photonique », autre nom pour désigner la Matrice, et son champ informationnel, que l’Univers arrive à s’organiser. Dans une autre tournure du langage, il existe une Présence qui organise l’Univers par son intention (information) laquelle structure chaque conscience qui l'observe.
« Partout les organes destinés à courir, à sauter, à grimper, à voleter, à voler ou à planer sont constitués de façon contrapuntique par rapport aux caractères de chaque milieu. » (Jakob von Uexküll)
La durée de vie d’une espèce, le nombre de la population, le camouflage, la spécialisation, la reproduction sexuelle, etc., tout participe au jeu de la stabilité universelle. Tout est mesuré. Si une espèce est trop résistante, trop prolifique ou pas assez, voilà que la stabilité globale se déséquilibre si le seuil limite est atteint. Aucune propriété de la matière ne reste constante avec elle-même. Lorsque nous parcourons les différents milieux, ce n’est pas seulement la signification d’un objet qui change mais aussi toute la structuration des perceptions qui changent. L'adaptation au sens darwinien est à revoir puisque être au monde revient à dire qu'il y a du sens à ma propre constitution organique, tout comme ma conscience elle-même et sa psyché.
« Si nous examinons la couleur jaune d’une fleur sur laquelle se pose une abeille, nous pouvons dire actuellement en toute assurance que, dans le milieu de l’abeille, la fleur n’est pas jaune (elle est sans doute rouge), parce que l’échelle chromatique de l’œil d’abeille correspond à une autre échelle d’ondes que l’échelle chromatique de notre œil. De même, nous savons que la gamme sonore du papillon de nuit, la gamme olfactive de la tique, la gamme gustative d’un ver de terre, la gamme formelle de la plupart des invertébrés sont entièrement différentes des nôtres. Même la gamme des résistances doit être entièrement différente chez l’ichneumon qui transperce comme du beurre le bois du sapin le plus dur. » (Jakob von Uexküll)
Revenons à la perception visuelle, mais cette fois-ci nous l’aborderons par le biais des expériences accomplies sous LSD. Le LSD fut synthétisé par Albert Hofmann, un chimiste, au sein des laboratoires Sandoz à Bâle. Lorsqu’en 1943, il en absorbe par accident, il devient temporairement psychotique. C’est le début des recherches sur la nature de la schizophrénie, et plus largement des psychoses. Il travaillait sur un champignon qui pousse sur les céréales, un parasite appelé l’ergot de seigle. Ce champignon broyé dans la farine, par exemple, peut être très toxique. Ses effets pouvaient être très variés : migraine, saignement post-partum, etc. Albert Hofmann, alors, cherchant à analyser les composants de ce champignon, est tombé sur la structure moléculaire de l’acide lysergique. En s’automédiquant, il ne savait pas encore qu’il prenait une molécule ayant des effets psychotropiques. Il en tira par la suite des conclusions importantes. Il comprit que la Nature formait un tout comme une unité plurielle en interrelation :
« Les sciences naturelles ont démontré que l’image de la terre toute colorée, telle qu’on la voit, n’existe pas dehors. Dehors, il n’y a que de la matière sombre et de l’énergie. L’écran est en nous, dans notre conscience. Chaque être humain porte en lui sa propre image du monde, créée par lui-même. » (Albert Hofmann)
Il continue :
« Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas, lorsqu’on dit que la couleur n’existe pas, mais qu’elle se forme en nous. Lorsqu’on commence à réfléchir à ce mécanisme, quels merveilleux outils sont nos yeux. Qu’à partir de quelques ondes, nous puissions créer de la couleur, que nous pouvons ensuite ressentir. Ce sont des choses qui nous poussent à… à une religiosité inouïe. » (Albert Hofmann)
Sérialité et synchronicité
Pour le biologiste Paul Kammerer, les lois de la sérialité sont aussi fondamentales queles lois de la physique, les « coïncidences » isolées ou en série n’étant que les parties visibles d’une chose inconnue. C’est une image des manifestations d’un principe universel de la Nature qui opère « indépendamment de la causalité physique », des événements reliés par analogie. Les séries seraient des processus cycliques se propageant comme des ondes sur l’axe du continuum extensif spatio-temporel. C’est à cause de notre regard partiel et isolé que nous ne pouvons pas voir les connexions globales qui lient les événements entre eux.
« Nous avons établi que la somme des faits exclut tout “hasard” ou fait si bien du hasard une règle que cette notion même disparaît. En cela nous arrivons au cœur de notre pensée : en même temps que la causalité, un principe acausal agit dans l’Univers. Ce principe influe sélectivement sur la forme et sur la fonction pour joindre dans l’espace et dans le temps les configurations apparentées ; et cela dépend de la parenté et de la ressemblance. » (Paul Kammerer)
Nous ne pouvons pas imaginer le nombre de millions, voire de milliards de concours de circonstances qu’il a fallu produire pour que nous soyons ici présents. Ce principe de sérialité est similaire à la synchronicité découvert par C.G.Jung. Ce qui la sous-tend est une remise en coordination du monde intérieur et du monde extérieur en un moment précis, laquelle retrouve un axe présentiel qui fait apparaître l'instant présent. Nous avons l'impression de vivre sur un espace-temps qui s'étale devant nous, avec un passé et un futur, alors qu'il n'y a que le présent qui est finalement. C'est à partir de lui que l'Univers se meut, et nous-mêmes également. Lorsque nous retrouvons cet axe de conjonction des opposées alors explose l'évidence devant notre regard, soit l'Univers de sens. Nous avons capté une information contenue dans la Matrice laquelle répond à une de nos attentes. Si je suis ici présent maintenant, c’est parce que dans l’Univers existe un principe qui agit par cette synchronicité, c’est le principe anthropique. Conséquemment, il y a au préalable le présent qui active la « soupe photonique » et met en marche l'espace-temps, soit la flèche du temps.
Cependant, il nous faut savoir qu’il y existe deux principes anthropiques en physique, l’un dit fort et l’autre dit faible. Le premier considère que l’évolution de l’Univers a débuté dans l’indétermination et le hasard « cumulatif » cherchant une orientation à travers le temps. Il serait dû à des concours judicieux de circonstances, une structure atomique prête à subir des changements complexes formant les molécules et les étoiles. Le second suppose des Univers multiples, dans lesquels chacun a ses propres lois physiques. Mais, dans tous les cas, ces environnements sont hostiles et n’ont pas les éléments nécessaires à l’apparition de la vie. Freeman Dyson disait que « tout semble s’être passé comme si l’Univers devait, en quelque sorte, savoir que nous avions à apparaître ». Ainsi, certains physiciens se demandent si l’Univers a été créé en fonction de l’Homme. Je proposerais un troisième principe anthropique : l’Univers est structuré de façon à ce que la conscience jaillisse partout dans l’Univers. Nul besoin de multiples Univers pour cela, car nous sommes en présence d’un Univers de sens et de signifiance. Le troisième principe se pose donc comme un Univers de sens, chaque chose est là où elle doit être et co-évolue avec un ensemble d’éléments qui apparaissent simultanément. L’ensemble tend vers plus de complexité, afin qu’une conscience puisse apparaître. Si l’Univers est tel qu’il est, c’est justement qu’il existe une constante de couplage qui mesure l’influence des différentes interactions qui ont été ajustées avec une immense précision. La moindre déviance des constantes de couplage aurait provoqué l’instabilité des nucléons et aurait condamné l’évolution cosmique. Néanmoins, il est bien dommageable d’avoir une physique de l’après-coup, et non une physique axée au centre du réel expliquant l’Univers tel qu’il est. Sérialité, synchronicité et principe anthropique ne font qu’exposer un même phénomène, celui de la Matrice qui structure les divers éléments entre eux.
Être conscient, c'est déjà posséder le sens en soi
Au-delà du regard, du « voir » et du perce-voir, c’est de conscience dont il s’agit vraiment. Être conscient, c’est être « conscient de ». Comment est apparue la conscience? Elle découle des stimuli qui ont permis de constituer un être organique et psychologique conscient de son propre environnement. L'organisme primaire est attiré par quelque chose, il s'éveille à son existence et plus le stimulus est répété plus il est engrammé dans sa conscience laquelle le fait exister désormais.
Un stimulus nous attire vers la chose que nous regardons, une attention se dégage et nous rend conscients de celle-ci. Alors, il n’y a pas l’Univers d’un côté et ma conscience de l’autre mais bien interrelation et interpénétration.
Ils ne sont pas en cohabitation en entrant en contact occasionnellement, en « rapport » ou en « liaison ». L'adaptation doit être remplacé par une dynamique co-évolutive entre l'être vivant et son environnement.
« La conscience et le monde des choses forment alors un tout lié, résumé dans ces unités psychophysiques individuelles que nous nommons êtres animés (animalia) pour former au sommet l’unité réelle du monde total. » (Edmond Husserl)
Il est, à présent, important de retenir un point capital. Tout ce qui forme l’être est une apparition à l’Univers qui fut éveillé, émergé par des stimuli. L’Univers est tel qu’on le voit et nous sommes tels que nous sommes par un processus de sens graduel. Ma conscience est une réponse et participe à un système d’émergence commun à tout ce qui est. Son apparition devait arriver et sa présence révèle un Univers empli de sens. Nous ne sommes pas dans l’Univers mais avec l’Univers.
Où se situe le Vrai ? La vérité ultime ? Le Vrai ne se situe pas à l’extérieur de nous, mais il émerge depuis notre intériorité et ceci simultanément à notre capacité à assimiler le réel. D’où l’existence de différents degrés du réel en rapport avec celui qui les regarde. Ceci amène l’homme à un certain niveau qui fonde sa propre réalité. Le Vrai est en accointance avec celui qui le vit, d’où l’existence de degrés du Vrai qui fondent sa propre vérité. Cela signifie que celui qui désire atteindre le Vrai par-delà les apparences doit saisir que sa propre réalité n’est qu’un point de vue. Il doit comprendre que pour l’atteindre, il doit se libérer de lui-même et de ses représentations. Autrement dit, la science essaie d'atteindre le Vrai, et les hommes se fondent sur elle pour cette quête du Vrai, alors qu'elle ne peut émerger que depuis notre intériorité. Ensuite, nous utilisons les outils à notre disposition pour rendre compte de ce réel-Vrai. C'est la conscience qui témoigne de sa propre existence à travers des instruments de mesure afin qu'elle puisse présenter aux autres sa propre existence.
Comment observer une chose qui n’est pas fixe
mais bien au contraire dynamique ?
Nous savons que tout, dans l’Univers, est en mouvement et en relation multiple, jamais isolé mais vivant et en réseau. Alors, il apparaît clairement que l’analyse ne peut réellement saisir une chose que par ses apparitions et ses formes changeantes. Il est impossible pour elle de saisir l’essence même des choses, d’ailleurs elle nous fait miroiter beaucoup de ses « compréhensions » par de simples descriptions et n’explique absolument rien du phénomène en question.
Est-ce « comprendre » que de décrire l’évolution de l’homme sur terre par des descriptions comme « il se redressa », « il libéra sa main grâce à son pouce », « il y eut des bouleversements climatiques transformant l’environnement, et ceci permit à l’hominidé d’apparaître » ? Ces descriptions des phénomènes n’expliquent aucunement le sens de l’apparition de l’hominidé. Nous confondons la description et l’explication. La première nous parle de l’apparence et de son fonctionnement, la seconde du sens et de l’essence. Par exemple, décrire un texte de poésie reviendrait à nous parler de sa grammaire, de sa syntaxe, de l’époque où il fut écrit et de son environnement, de la biographie même de l’auteur, mais tout ceci ne me dirait rien de la poésie elle-même et de son contenu, de sa profondeur, de la richesse intérieure de l’auteur, des sens et des multiples lectures possibles. Le philosophe Bertrand Russell exposa brillamment dans ses écrits cette différence fondamentale dans l’expérimentation, en nommant l’une « science descriptive » et l’autre « science explicative ».
Les théories scientifiques ne s’intéressent qu’au « comment » et n’observent que des objets à analyser. Demander « pourquoi » serait aux yeux des scientifiques pire que le châtiment du bannissement, puisque le fondement de la science est le rejet même du sens. La question du sens, quant à elle, est laissée à une métaphysique, d’origine philosophique ou religieuse. Ce « pourquoi » pose la question du sens, de la signifiance. Il permet de regarder l’objet non plus en tant qu’objet d’analyse, mais en tant que signifiance au monde des phénomènes. Un sujet est vivant et dynamique mais dès qu’il devient objet d’analyse, il se fige. La science n’a donc rien à nous enseigner concernant notre signifiance à l’Univers, notre raison d’être. Dire qu’un sujet existe par hasard et par chance, que l’homme est un merveilleux hasard, c’est confondre la description et l’explication. Dire « comment » les choses sont apparues ne signifie pas « pourquoi » elles sont apparues. Dire « comment » un organisme se met en relation avec son environnement n’est pas dire « pourquoi » il se met en relation avec son environnement. L’embarras dans lequel nous nous trouvons dans notre société face à divers phénomènes apparemment contradictoires découle de cette assertion fallacieuse : la séparation du sujet et de l’objet. Nous appartenons aux phénomènes, puisque je suis déjà par ma présence à l’Univers un être amené à l’existence. Or, toute existence est déjà en soi une signifiance apparue par divers stimuli et qui permit l’éveil d’une conscience. Voir les choses de cette manière, c’est éviter et oublier qu’une question sur le sens se réfère à l’être. En effet, derrière la description il y a l’avoir, et derrière l’explication il y a l’être. Conséquemment, notre science est celle d'une description déployant une argumentation à ce qui se rajoute à notre existence, autrement dit c'est une science de l'avoir.