Emmanuel Swedenborg (1688 - 1772)
Scientifique - Philosophe - Théologien - Mystique
Une brève biographie :
Emmanuel Swedenborg est né à Stockholm, capitale de la Suède, le 29 janvier 1688. Son père pasteur luthérien, professeur de théologie, est un écrivain remarquable d'une extraordinaire fécondité littéraire dont Swedenborg héritera. L'atmosphère spirituelle du foyer où il grandit aura une influence déterminante sur lui, d'autant que d'une nature grave et profonde, il manifeste très tôt des dispositions et des dons exceptionnels pour la vie intérieure.
Surdoué, il passe son doctorat en philosophie à 21 ans et manifeste un penchant pour les lettres, la poésie et la musique. Après une première période de vingt-sept années, dominée par une enfance religieuse et une jeunesse tournée vers les arts, il amorce une deuxième période de vingt-sept années entièrement dédiée cette fois aux sciences.
Il devient un des plus grands savants de son temps, l'un des esprits les plus brillants de cette époque des Lumières. C'est un génie à la façon de Léonard de Vinci, qui se passionne pour tous les domaines et qui produira une œuvre considérable portant sur les mathématiques et l'ingénierie, la physique et la chimie, la géologie et la métallurgie, l'astronomie et la cosmologie, l'anatomie et la physiologie. Ajoutons à cela l'économie et la philosophie.
Dès le début il se passionne pour les grandes théories qui cherchent à expliquer l'univers. Ses découvertes les plus importantes sont d'audacieuses et géniales vues de l'esprit dont l'exactitude ne sera souvent démontrée que bien plus tard par les générations ultérieures de savants.
Il reste en même temps constamment tourné vers les applications concrètes des sciences. Assesseur au Collège des Mines, équivalent de notre actuel ministère de l'industrie, pendant plus de 30 ans, il fera considérablement évoluer l'industrie minière et métallurgique de son pays. Il sera anobli, nommé membre du parlement royal de Suède et membre d'honneur des trois universités : d'Uppsala, de Saint-Pétersbourg et de Stockholm.
Il vit, autour de ses 55 ans, une profonde crise intérieure. C'est alors qu'il a ses premières expériences d'extases, de visions et de révélations spirituelles. Ces expériences vont produire en lui de profondes transformations. Il se retire de toute activité mondaine pour s'installer dans une petite cabane au fond d'un vaste jardin auquel il voue une véritable passion. Il s'y consacrera pendant des années à la lecture, à l'étude et à la méditation des textes bibliques.
Après ces trois années de métamorphose commence donc une troisième période, de vingt-sept années elle aussi, tout entière consacrée à l'exploration des mondes invisibles et à la publication de ses ouvrages qui se succéderont pour produire une œuvre monumentale de plus de trente volumes. Les enseignements, qui découlent de sa lecture et de sa compréhension de la Bible, remettent en question de nombreux dogmes établis au sein des religions et des Églises de son temps. Accusé d'hérésie et menacé d'emprisonnement, il s'exile en Angleterre où il s'éteint à l'âge de 84 ans, après avoir annoncé plusieurs semaines auparavant, le jour et l'heure exacts de ce qu'il nommait « son passage dans le monde spirituel ».
Les enseignements de Swedenborg concernant les questions essentielles liées au phénomène humain et à l'univers ont, tout au long de ces derniers siècles, profondément influencé de très nombreux savants et créateurs, qui ont fait de multiples emprunts à sa pensée, pour la faire fructifier de façon infiniment diverse.
Quelques extraits du « best-seller » de Swedenborg, le livre « Ciel et Enfer » :
39. Il m'est permis en dernier lieu de rapporter, sur les Anges des trois Cieux, un arcane qui jusqu’ici n'est venu à l'esprit de personne, parce qu'on n'a pas compris les degrés; à savoir que chez chaque Ange, et aussi chez chaque homme, il y a un intime ou suprême, ou un certain intime et suprême, dans lequel le Divin du Seigneur influe d'abord ou de plus près, et d'après lequel il dispose les autres intérieurs qui viennent après selon degrés de l'ordre chez l'Ange et chez l'homme : cet intime ou suprême peut être appelé l'entrée du Seigneur dans l'Ange et dans l'homme, et son domicile même chez eux: c'est par cet intime ou suprême que l'homme est homme ; de là vient que l'homme, tout au contraire des animaux peut, quant à tous les intérieurs qui appartiennent à son mental intellectuel et à son mental naturel, être élevés par le Seigneur vers le Seigneur même, croire en Lui, être affecté de l'amour envers Lui, et ainsi Le voir Lui-Même, et qu'il peut recevoir l'intelligence et la sagesse, et parler d'après la raison ; de là vient aussi qu'il vit éternellement. Toutefois ce qui est disposé et pourvu par le Seigneur dans cet intime, n'influe clairement dans la perception d'aucun Ange, parce que cela est au-dessus de sa pensée et surpasse sa sagesse.
445. Lorsque dans le monde matériel, notre corps ne peut plus remplir les fonctions correspondantes aux pensées et aux sentiments de notre esprit, lesquelles ont leur origine dans le monde invisible, alors on dit que la personne meurt. C'est ce qui arrive lorsque cessent la respiration et les battements du cœur. Toujours est-il que la personne ne meurt pas, elle est seulement séparée du corps physique qui lui servait dans ce monde. La personne elle-même est toujours en vie. Il est dit qu'elle continue à vivre, car nous ne sommes pas des êtres humains par le fait que nous avons un corps, mais parce que nous sommes esprit. En effet, c'est l'esprit en nous qui pense, et ce sont nos pensées alliées à nos sentiments qui font les personnes que nous sommes. De là il est évident que lorsque nous mourons, nous ne faisons simplement que passer d'un monde dans un autre.
446. Il y a une communication intime de l'esprit avec la respiration et la pulsation cardiaque, communication de la pensée avec la respiration, et des sentiments qui naissent de l'amour avec le cœur. C'est pourquoi dès que ces deux mouvements cessent dans le corps, il y a aussitôt séparation. Car ces deux mouvements sont les liens mêmes dont la rupture affranchit l'esprit. Le corps alors privé de la vie de son esprit se refroidit et se décompose. Cette intime communication de l'esprit a lieu avec la respiration et le cœur parce que toutes les fonctions vitales du corps en dépendent, tant dans son ensemble que dans chacune de ses parties.
447. L'esprit ne se sépare du corps que lorsque les battements du cœur ont complètement cessé, ce qui se produit diversement selon les causes de la mort. Dès l'instant où ce mouvement s'interrompt, la personne renaît, ce qui est fait par le Divin seul. Par cette renaissance est entendue la sortie de l'esprit hors du corps, et son passage dans le monde spirituel, qui est appelé « résurrection ». Si l'esprit ne se sépare du corps que lorsque le cœur s'arrête, c'est parce que le cœur correspond aux sentiments qui viennent de l'amour, lesquels sont la vie même de l'homme. En effet, c'est de l'amour que chacun reçoit la chaleur vitale. Ainsi autant dure cette conjonction, autant il y a correspondance, et par conséquent, vie de l'esprit dans le corps.
448. Il m'a non seulement été dit, mais encore montré par vive expérience, comment s'opère cette renaissance. En effet, il m'a été donné de vivre cette expérience afin que je puisse en acquérir une pleine connaissance.
449. Je fus tout d'abord réduit à un état d'insensibilité quant aux sens corporels, par conséquent, presque dans l'état des mourants. La vie intérieure me restant cependant entière avec toute ma conscience, afin que je puisse me souvenir précisément de tout ce qui arrive à ceux qui ressuscitent. La respiration du corps cessa presque complètement, tandis qu'une respiration plus profonde, celle de l'esprit, restait conjointe à une respiration physique quasi imperceptible. Alors il me fut d'abord donné communication, quant au pouls du cœur, avec le royaume céleste, parce que ce royaume correspond au cœur chez l'homme. Je vis alors des anges de ce royaume, certains à distance, et deux d'entre eux assis près de ma tête. De là, toute émotion et tout sentiment personnel me furent retirés, mais j'avais toujours ma conscience et toutes mes perceptions. Je restai dans cet état pendant quelques heures. Alors les esprits qui étaient avec moi se retirèrent croyant que j'étais mort. Une odeur aromatique, comme celle d'un corps embaumé, se fit même sentir. En effet lorsque les anges célestes assistent un mourant, l'odeur cadavérique de son corps se transforme en un parfum fragrant. Dès que les esprits sentent cette odeur, ils ne peuvent plus s'approcher. C'est ainsi que les mauvais esprits sont éloignés de l'homme au cours des premiers moments de son passage dans la vie éternelle.Les anges qui m'assistaient gardaient le silence, ne communiquant avec moi que par la pensée. C'est d'ailleurs en voyant qu'ils peuvent communiquer ainsi avec l'esprit de l'homme qu'ils savent que son esprit est prêt à se séparer du corps. Ce mode de communication qui se fait par le regard est celui qui a cours dans les cieux. Comme ma conscience et ma perception m'avaient été laissées, afin que je puisse me souvenir de la façon dont se passe cette renaissance, je sentis qu’ils sondaient ma pensée afin de s'assurer qu'elle était bien celle d'un mourant, laquelle est généralement portée sur la vie après la mort, cherchant à tenir mon mental dans cette pensée. Il m'a été dit ensuite qu'au moment de la mort, l'esprit est maintenu pendant un certain temps dans cette ultime pensée, avant de retourner dans les pensées correspondantes aux sentiments dominants qui étaient les siens dans le monde. Il m'a surtout été donné de sentir une attraction, et comme un arrachement des parties les plus intérieures de mon mental, de mon esprit hors du corps. Il m'a été dit que cela se fait par le Divin seul, et que c'est à partir de là qu'a lieu la résurrection.
450. Lorsque les anges célestes sont auprès d'un ressuscité, ils ne le délaissent jamais, parce qu'ils aiment chaque homme. Mais quand l'esprit est tel qu'il ne peut plus se maintenir davantage en leur présence, alors c'est lui-même qui choisit de s'en séparer. Lorsque cela a lieu, ce sont des anges du royaume spirituel qui viennent à leur tour. C'est à travers eux que l'usage de la lumière lui est donné, car jusqu'à présent il ne voyait rien, ne jouissant que de la faculté de penser. Il me fut également montré comment cela se fait. Ces anges semblaient comme dérouler un voile de mon œil gauche vers la cloison de mon nez, afin de l'ouvrir pour lui permettre de voir. L'esprit a la sensation que cela se produit réellement, mais ce n'est en fait qu'une apparence. Lorsque ce voile fut retiré, j’eus la perception d'une lumière diffuse, un peu comme celle que l'on voit à travers les paupières closes juste avant de se réveiller. Cette lumière avait quelque chose de céleste, mais il me fut dit ultérieurement qu'elle pouvait prendre toutes sortes de nuances. J’eus ensuite la sensation comme d'un voile se déroulant progressivement de dessus mon visage. C'est à ce moment que je fus introduit dans la pensée spirituelle. Ce dévoilement n'est aussi qu'une apparence, représentative du fait que nous passons de la pensée naturelle à la pensée spirituelle. Les anges veillent avec le plus grand soin à ce que le ressuscité ne vienne dans aucune autre pensée que celles qui procèdent de l'amour. C'est alors qu’ils lui annoncent qu'il est à présent un esprit. Dès que les anges spirituels ont donné au nouvel esprit l'usage de la lumière, ils lui rendent tous les services qu'il peut désirer dans cette nouvelle condition, l'informant dans la mesure de sa compréhension de tout ce qui concerne l'autre vie. Ces anges, comme je l'ai déjà dit, aiment chaque homme et ils n'ont pas de plus grand plaisir que de les aider, de les enseigner et de les guider dans les Cieux. Mais si le ressuscité ne le souhaite pas, et qu'il désire au contraire s'éloigner d'eux, alors il s'en sépare de lui-même. Lorsque l’esprit s'est ainsi séparé de ces anges, il est alors accueilli par les bons esprits, qui s'empressent, tant qu'il reste avec eux, de le guider et de faire tout ce qu'ils peuvent pour l'aider. Mais si sa vie dans le monde a été telle qu'il lui soit impossible d'être en lien avec eux, alors de nouveau il désire s'en séparer. Il passe ensuite par autant de sociétés nécessaires, jusqu'à trouver celle avec les esprits de laquelle il se trouve en complet accord. De là, aussi surprenant que cela puisse paraître, il y mène une vie en parfaite continuité avec celle qu'il avait eue dans le monde.
451. Ce premier état de la vie après la mort ne dure que quelques jours. Il sera dit plus loin de quelle façon nous sommes conduits d'un état dans un autre, et comment nous parvenons finalement dans les Cieux ou dans les enfers. C’est une chose qui a également été portée à ma connaissance par un grand nombre d'expériences.
452. J'ai discuté avec quelques ressuscités trois jours après leur décès, tandis que tout ce que je viens de décrire avait déjà eu lieu pour eux. J'ai même raconté à trois d'entre eux que j'avais bien connu avant leur mort, que l'on était à l'instant même en train d'ensevelir leur corps. Àces mots, ils furent frappés de stupeur, affirmant qu'ils se sentaient plus vivants que jamais, et que ce n'était que leur corps physique qui était mis en terre. Ils s'étonnaient beaucoup de n'avoir jamais cru, tandis qu'ils vivaient sur la Terre, qu'une telle vie après la mort soit possible. Se trouvant ainsi en vie, ils se sentaient aussi extrêmement confus de réaliser qu'il existe une telle continuité de la conscience après la vie du corps.
Orphélya est partenaire de l'association Swedenborg et devient un relais en France de cette association afin de diffuser la pensée d'Emmanuel Swedenborg.
Site Swedenborg : http://emmanuelswedenborg.info
Forum Swedenborg : http://forumswedenborg.com/viewforum.php?f=4