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La théorie astrologique des grandes conjonctions planétaires


La conjonction de l’année 1186

La notion de concentration planétaire, et par voie de conséquence d'alignement, est apparue pour la première fois dans la littérature astrologique, avec l'évocation au IXème siècle, chez l’auteur Albumazar, dans son « Traité de la Grande Conjonction ». Cet illustre astrologue affirme que l'alignement en rangée, des 7 planètes connues à son époque, entama « au début du monde » les cycles cosmiques. Cette nouvelle conception astrologique s’intégra plus tard avec la Grande Année des cycles cosmiques des textes platoniciens.


L’hypothèse théorique de Albumazar consiste à penser que l'univers, et notamment le système solaire, débuta avec toutes les planètes en file indienne sur une même ligne. Un concept illusoire qui ne s'est jamais concrétisé, en observant les différences de mouvements des planètes les unes par rapport aux autres. Depuis la vision de notre astrologue du Moyen-Age, une part croissante de l’activité des astrologues est consacrée à ces phénomènes cycliques qui scandent l’histoire du monde. Des prophéties en tout genre, de multiples changements importants devaient arriver lors de ces conjonctions, des vents violents, de terribles épidémies et bouleversements économiques et politiques devaient faire trembler les nations, etc.


Dans cette perspective le « Recueil des plus célèbres astrologues » de Simon de Phares, au XVeme siècle, a pour principal objectif de montrer que l'histoire de l’astrologie est coextensive à l’histoire du monde. Adam, premier homme, fut le premier astrologue et l’auteur recense plus d’un millier de praticiens et amateurs de l’astrologie jusqu’à lui-même.


Or, sur 4750 ans, de -2000 à +2750, on dénombre 9 concentrations planétaires réelles, sur un écart de +5°. Une grande conjonction de toutes les planètes dans le signe de la Balance en 1186 servira de démonstration de notre assertion. Voici le tableau de cette conjonction :


Soleil 179° Lune 197° Mercure 189° Vénus 184° Mars 189° Jupiter 181° Saturne 185°


Un historien, du nom de Rigord, affirme quant à lui dans son « Histoire du Roi Philippe Auguste II de France » :


« En cette année (1186), les astrologues de l'Orient et de l'Occident, les Juifs, les Sarrasins et aussi les Chrétiens avaient envoyé à travers les diverses parties du monde des lettres, en lesquelles ils prédisaient, sans laisser place au doute, qu'en septembre aurait lieu une très puissante tempête de vents, suivie par des tremblements de terre, une grande mortalité parmi les hommes, des séditions et des troubles, ainsi que des bouleversements parmi les royaumes et toute une série d'autres menaces de ce genres. »


Rien ne s’est passé comme l’avait prédit les astrologues d’Orient et d’Occident, puisque cette année et l’année suivante fut calme. Reprenant la tradition des astrologues du XIIème siècle, André Barbault imagina la théorie dite de l'indice de concentration planétaire. Consistant à calculer les distance longitudinales, entre planètes, des écarts d'espace, pas des distances, afin d'en déduire leur concentration sur tel ou tel secteur du système solaire.


Son propos est similaire à celui des astrologues de 1186. Une concentration planétaire est synonyme de bouleversements: sociaux, politiques, économiques, militaires (guerres), etc. C'est ainsi qu'en fonction de cette théorie, André Barbault pronostiquait divers bouleversements planétaires selon ce modèle d'indice de concentration planétaire, ou d'alignement.


Notre propos n’est pas la remise en question de l’astrologie, mais bien de cette théorie des grandes conjonctions planétaires. Depuis l’aube du IVème siècle après J.-C., l’astrologie traditionnelle est en décalage avec le ciel constellé, ce que l’on a coutume d’appeler aujourd’hui astrologie tropicale, et astrologie sidérale, qui s’appuie quand à elle sur le ciel réel. Est-ce à cause de cette astrologie tropicale que la théorie des conjonctions est illusoire, ou bien est-ce tout simplement la théorie en elle-même qui n’est pas valable. Pour notre part, nous pensons que la théorie des conjonctions planétaires d’Albumazar est une fiction, et que rien ne pourra la valider.


 

Source :

Titre : Entre science et nigromance : Astrologie, divination et magie dans l'Occident médiéval (XIIe-XVème siècle)

Auteur : Jean-Patrice Boudet

Editions : Publications de la Sorbonne

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